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boutondorEh bien si monsieur Jeaneg, j'ai tâché de faire disparaître Noëlle Sophie de mon existence. Tentative quasi nulle puisque la séparation n'a pas duré tout à fait deux ans...

 

Comme tout gamin assez peu aimé par sa famille, je m'étais forgé une drôle de carapace, faite de drôles de convictions pour éviter d'assumer pleinement mon homosexualité. L'incendie de Crépy-en-Valois, où ma mère est morte avec son second mari, je l'ai interprété comme le signe d'une trahison à ma vraie "nature"*

 

Et pendant deux ans, j'ai imaginé que prendre du plaisir avec une fille, ce qui ne m'était déjà pas évident, attirerait inévitablement sur moi les foudres du ciel et toutes sortes de catastrophes.

 

Nous n'avons pas été nombreux à ne voir que le hasard dans ce tragique événement. Cette même nuit, Noëlle-Sophie et moi avons connu les affres de la garde à vue.D'abord ensemble puis séparément. Vous ne le croirez sans doute pas, mais une de mes charmantes soeurs aînées, me voyant contre toute attente sur les lieux du drame avant elle m'a aussitôt accusé d'avoir mis le feu à la maison. Comment pouvais-je réapparaître juste là et juste à ce moment si ce n'était pour mettre la main sur quelques biens dont j'eusse pu jouir avec ma nouvelle "acquisition"?

 

J'ai donc été mis sur le grill par une paire de flics dépareillés dont l'un , un Dupond-Lajoie moustachu et suintant le refoulement et l'aigreur de partout aurait bien voulu me voir valider la thèse de ma soeur, tout en reluquant les longues jambes de mon "acquisition" avec un air insupportable de concupiscence baveuse. Vous savez, j'ai eu terriblement peur quand ils l'ont emmené dans le bureau d'à côté qu'il abuse d'elle et cette peur m'a aussitôt fait prendre conscience que je ne serais jamais responsable d'une femme.

 

C'était sans compter sur cette espèce d'autorité naturelle et de calme olympien qu'elle avait toujours, elle qui, selon toute évidence a été suffisamment flegmatique et patiente pour nous tirer tous deux de ce mauvais pas. J'ai terminé la nuit en compagnie d'un autre pandore, jeune papa très avenant mais exténué, puis nous avons tous deux été rélâchés en début d'après-midi; après une nuit blanche.

 

C'est là que j'ai tendu un billet de banque à Noëlle-Sophie pour qu'elle se démerde à prendre le train et à disparaître à tout jamais de ma vue. Elle n'a pas voulu prendre le billet, ce qui m'incommodait fort puisque j'ai dû relever la tête et la regarder dans les yeux ce que je tenais à tout prix à éviter. Mes propos se sont alors fait cyniques, cassants, mes allusions déplacées et humiliantes, sans qu'elle ne varie d'un iota.

 

Putain, pourquoi ne se comportait-elle jamais comme les autres, pourquoi ne se montrait-elle jamais incohérente, jamais hystérique, jamais jalouse, jamais de mauvaise foi, jamais vénale, jamais venimeuse, merde? Pourquoi ne me donnait-elle jamais l'occasion de blâmer la nature féminine, son inconséquence, son proverbial manque de sang-froid et de pragmatisme? Cette fille-là aurait comblé un hétéro, pourquoi fallait-il que j'en sois affublé pour me donner encore une raison de culpabiliser à cause de ma connerie congénitale?

 

Il a encore fallu que ce soit moi qui tourne les talons, que ce soit moi qui la laisse en plan alors qu'(enfin!) je pouvais sentir que sa mâchoire tremblait et que ses poings se serraient. Je ne sais pas si le moustachu nous a vus par la fenêtre, mais si c'était le cas, qu'il devait regretter de ne pas m'avoir bouclé! Et j'étais fier de moi, en érection même pour ne rien vous épargner car j'ai décidé de ne pas vous épargner grand-chose. C'est une gageure que de tenir son rôle d'enfoiré jusqu'au bout... Ca demande énormément d'auto-discipline!

Tag(s) : #Renan et Ewald
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