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Mais non, c'est pas son vrai nom, vous imaginez bien... D'ailleurs qu'est-ce qui est vrai dans tout ça?

 

Les pensées de Noëlle étaient sursaturées de désir, et elle ne dormait plus, ou pratiquement plus. Quand je la rejoignais aux petites heures, elle tournait, virait, s'enroulait dans les draps et refusait de me dire quoique ce soit. Je pense qu'en même temps elle avait un peu honte, de s'obséder pour quelque chose d'aussi physique. Moi je tâchais de garder mon calme, mais vous savez sans doute comme le désir est chose terriblement contagieuse.

 

Et puis il finit bien par venir, cet olibrius-là, et enfin je le vis et je compris. Enfin, j'étais surpris tout de même car je voyais Noëlle faire beaucoup plus dans le petit minet que dans le docker. Mais déjà, il était en fac avec elle, alors sans doute que son look trompait... Non, il ne trompait pas, il suffisait de voir la transe de mon mec occasionnel de l'époque qui comme par hasard se trouvait occasionnnellement là le soir où Melvin a débarqué; le plus tranquillement du monde. C'était bien le seul à être tranquille du reste et je crois qu'il s'amusait beaucoup intérieurement du genre d'électricité qu'il pouvait générer autour de lui.

 

J'aurais bien du mal à vous le décrire en toute objectivité, parler de ses traits réguliers, de sa haute taille et de son imposante stature serait d'un fadasse achevé; l'essence inflammable de ce mec échappe à toute tentative de description. Ce qu'on peut en évoquer à la rigueur, c'est le regard, des yeux pétrole perçants qu'il ouvrait souvent ronds comme des soucoupes, sans jamais parvenir à y engloutir tout ce qui le mettait en appétit. Mais parfois dans ses mêmes yeux plutôt rieurs et gourmands passaient des ombres de mauvais augure. Enfin, mauvais augure, tout dépend des points de vue!

 

Alors qu'il était déjà monté au petit studio de Noëlle, celle-ci crut bon de me balbutier quelques justifications

" Il a rompu avec Judith et tu sais, je ne prétends pas le consoler. Je veux me l'offrir, Renan, est-ce que tu peux comprendre ça? Rien que me l'offrir, ça fait si longtemps..."

Je ne sais pas trop ce que je lui grommelai comme connerie confuse, un truc débile du genre "Profite de ta jeunesse" mais elle était dans un tel état d'impatience et de culpabilité mêlées qu'elle n'a même pas dû m'écouter.

" D'ailleurs , il y en aura pour deux ou trois heures au plus. Tu pourras me rejoindre à cinq heures comme d'ahbitude" termina-t-elle sur un ton implorant et au bord des larmes.

 

Je ne la réconfortai pas. Et puis quoi encore? Peut-être au petit matin, quand elle aurait été bien abusée; et peut-être pas du tout, pour rigoler un peu et lui faire passer l'envie de prendre son pied sans mon consentement exprès.

 

Qu'est-ce qui m'a si profondément perturbé dans cette histoire ? Je ne sais plus par moments de qui des deux j'ai été si férocement jaloux. L'animal, en somme est entré chez moi sans la moindre autorisation et son corps a consciencieusement effacé en celui de Noëlle toutes les empreintes que j'avais pu y laisser, celles qui malgré tout la liaient à moi dans ce pacte tacite du studio. Oui, il a pénétré et fendu la forteresse avec une facilité rageante.

Mais aussi, il a donné à Noëlle des soupirs et une plénitude que j'aurais exigés pour moi, sous mon toit tout de même!

J'étais chez moi, et c'était bien à moi que devait revenir le plaisir aigu qu'on pouvait y dispenser, bon sang...

 

Les amis, j'ai pas inventé l'eau froide cette nuit-là, en découvrant que rien n'est à personne. Mais cette pilule qu'il a essayé de me fourrer au fond de la gorge, je l'ai plusieurs fois recrachée parce qu'en fait je le soupçonne de me l'avoir mis plusieurs fois en travers pour bien rigoler à son tour!

Avec mon mec occasionnel je m'y suis pris comme un manche et je n'ai pas eu besoin de le congédier pour qu'il prenne ses clics et ses clacs à trois heures du mat'.

J'aurais voulu entendre mon petit carillon là-haut et je n'entendais rien. Que se passait-il?

 

Je sombrai dans un sommeil lacéré vers quatre heures trente, en dépit de mes luttes, et sursautai à cinq heures et quart, la bouche pâteuse , la nuque fébrile. Je n'avais rien entendu dans l'escalier, rien de rien. La lourdeur de l'air semblait m'indiquer que Melvin était encore là, et bien là.

Alors je montai, tout de même, et vis par la porte laissée entrouverte que non seulement il était encore là, mais qu'il était encore à l'oeuvre.

 

Pas étonnant que je n'eusse pas entendu Noëlle-Sophie, la tête penchée en avant, elle soupirait de volupté derrière un baillon soyeux et rouge, ses membres étaient toute souplesse et abandon et toute sa peau où affleuraient des milliers de frissons  semblait briller à la lueur du chevet renversé. Il y avait une odeur de lutte touchant à sa fin, les mouvements étaient doux, réguliers, synchrones et semblaient ne jamais devoir se terminer. Dans le roulement de ses muscles (à lui), j'aperçus qu'un tatouage couvrait son épaule droite, toutes les branches feuillues en coupole d'un arbre inversé qui retombait vers l'avant et affleuraient de leur dernières feuilles l'os de la calvicule.

 

J'avais l'impression qu'un puissant végétal rampait sur le corps dompté et comblé de Noëlle, qu'il s'enroulait partout autour d'elle et l'enracinait profondément dans l'humus épais de la jouissance. Moi-même, je perdis un instant mes esprits devant cette danse lente et parfaitement aboutie de leurs deux corps lourds de fatigue et de désirs encore inépuisés. S'en rendit-il compte? Lorsque je rouvris mes yeux , il avait fait glisser le baîllon de sa bouche, et le soupir, mi-souffle, mi-sanglot de délices qui s'envola, je ne l'avais jamais entendu de sa bouche.

 

Et je ne l'entendis pas longtemps, car, jalousement, il la contorsionna avec soin pour venir le croquer sur ses lèvres.

Tag(s) : #Renan et Ewald
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