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Tarté par Noëlle, enfin, j'étais aux anges! Si seulement juste après, elle n'avait pas fondu en larmes, dans mes bras, sous les yeux attendris des passagers du métro. Et moi qui la ramène, chevaleresque , dans mon nouvel appartement en travaux, vous pouvez faire plus guimauve? Beurk...

 

Hé, bas les pattes, hétéro-sentimenteux! Je n'aime que la sueur de mec, et je suis un teigneux! Je connais cependant peu d'homos qui n'aient leur amiE. La mienne a été, je dois le dire, assez parfaite dans son rôle; confidente, ménagère, cuisinière ( lorsque j'ai réfréné les élans bobos cependant, très peu pour moi la salade d'alafalfa cultivée sur le balcon!); et surtout havre de sommeil.

 

Ce rôle que lui ai imposé, je n'en ai sciemment pas mesuré toute la cruauté. La mémoire des étreintes qui avaient précédé l'incendie de Crépy-en-Valois me retenait farouchement de lui prodiguer aucune caresse un peu appuyée qui nous aurait précipités dans un élan mutuel et irréversible. J'allais chercher ma pitance dans mon "milieu" et m'y régalais d'abondance toute la nuit ; mais il me fallait son lit au petit matin.

 

J'ai pu découcher parfois en huit mois, mais c'était rare; car si je voulais dormir, il me fallait ce halo, ce rivage, ce parfum à l'aube. Et dans le même temps, je n'aurais pas toléré qu'elle-même fût absente, ou que son corps ou que son lit sentissent alors l'étreinte récente d'un homme. Il me fallait son sommeil chaste pour éteindre ma fièvre.

 

Pouvez-vous, par un caprice, ou plutôt une névrose tyrannique contraindre une jeune femme étonnamment jolie mais surtout étonnamment ardente à l'abstinence la plus sévère? Eh bien oui, vous le pouvez. Il est ainsi une période où le jeune corps, tout prêt qu'il paraisse aux déchaînements et aux combustion les plus excesssives, vous sait curieusement gré de le mettre à l'épreuve du rien, sans indemnité, en lui ôtant même tous ses espoirs. J'ai bien des fois empêché Noëlle de rejoindre des soupirants, au terme même de soirées où on l'avait copieusement raillé sur sa prétendue "sagesse". Il m'est même arrivé de me taper un de ses soupirants sous la porte cochère tandis qu'elle devait pleurer en haut dans son lit de cette occasion manquée. Elle pleurait, et ensuite s'en voulait d'avoir eu contre moi un mouvement d'humeur. Magnanime, je lui pardonnais.

 

Mais il est bien présomptueux d'empêcher que la nature ne reprenne un jour une fraîche, neuve et sensuelle personne. Cette nature-là avait un corps, je devrais dire une carrure, cette nature-là avait un tempérament; je ne dirais rien pour l'instant, de peur de choquer les prudes âmes, cette nature-là avait un nom: Melvin. Et à Melvin, le mot de nature, ou plutôt l'adjectif "Wild" collait à la peau. Il ne ressemblait en rien aux mecs qui d'ordinaire tournaient autour de Noëlle-Sophie, c'était presque le genre de fantasme gay sur pattes, un taureau de combat. 

 

Au début, il sortait avec une copine d'amphi de Noëlle, nommée Judith. Celle-ci courait deux mecs à la fois, et faisait maladroitement mine de ne pas préférer Melvin pensant sans doute mettre au défi cette virile nature et se l'attacher par la force et l'audace de son caractère. Moi, j'ai vite compris que Judith, qui venait chougner chez moi se donnait auprès de ce mec hallucinant une importance qu'elle ne pouvait pas avoir.

Je voyais trop bien le coup venir. Noëlle-Sophie jouait avec son dévouement proverbial le rôle d'"intermédiaire", séchait les larmes de la plantureuse Judith et avait de longues discussions à la Cafet' avec Melvin qui était si important pour "l'équilibre libidinal" de son amie...

 

Pauvre Noëlle, c'est toi qui parlais alors d'"équilibre libidinal"????

 

Les taureaux ne foncent pas toujours, il y en a qui savent fort bien circonvenir, et celui-là, diable, est bien beau....

Tag(s) : #Renan et Ewald
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