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«  Vous êtes-vous déjà demandé si on pouvait choisir mon métier dans le but de préserver l’innocence ?
- Je m’en fous, de l’innocence. Et j’approuve quand on frappe les coupables. Mais tout est amené de façon tellement hypocrite dans votre monde ; tout est fait pour qu’on s’égare et qu’on se révolte au moment où on va prendre le plus cher…
- Je vois souvent Luc D*** par-dessus sa grille quand je fais ma promenade du matin . Il a été « déçu » par la clémence de votre verdict. J’espère lui faire entendre raison car lui aussi pourrait être justiciable sur bien des points. Mais quand nous nous rencontrons le matin, c’est un garçon un peu défait que j’aperçois ; qui va donner à manger en claudiquant à ses chiens sans en oublier un seul.
- Des chiens dressés à étriper les lapins, la volaille, mon chat… et peut-être même des connards comme nous s’ils apprennent bien. Vous arriverez pas à me faire trouver un milligramme de bon chez cet enfoiré et ceux de son espèce. Ils ont exploité ma mère pendant des années et ils ont applaudi quand on a passé les menottes à Alb et à moi le jour du procès.
- C’est logiquement de mauvaise guerre, il fallait que le processus s’applique jusqu’au bout mais c’est fait maintenant. Et si eux ne peuvent évoluer, si c’est difficile pour votre frère ; c’est pour vous Jeffrey que c’est possible. Et cela absolument en dehors de River, pour vous-même, pour ceux qui ont marché avec vous et qui continueront à boire vos paroles même si vous vous êtes discrédité au procès.
- Qu’est-ce que vous avez tous à croire que j’ai quelque chose de spécial ? C’était déjà ça pour les profs avec qui j’arrêtais pas de m’embrouiller et qui m’ont viré ; avec les socio-culs qui me jetaient sur le devant de la scène pour me faire des reproches après ; avec Solenn, avec River, avec Fred qui me harcèle de textos depuis que je me suis arraché de l’appart’ de sa pute… Pourquoi on me fout pas dans un trou pour de bon plutôt que de me faire croire que ça va être différent pour moi alors que je m’en prends plein la gueule en permanence ?
- Il n’y a pas de hasard. Je vous aurais condamné moi aussi, mais uniquement dans le cadre de la récidive qui comme vous le savez ne pardonne pas les seconds faux-pas. Enfin, cette condamnation ne vaut pour moi que parce qu’elle vous a mis à l’épreuve sur tous les plans, et qu’elle a ébréché vos mauvaises certitudes. Celle qui est crucialement à redébattre, c’est la première ; Jeffrey. 
- Vous êtes au courant de tout, hein ?
- Je m’intéresse naturellement à ce qui intéresse River.
- C’est marrant parce qu’elle m’a jamais posé la moindre question là-dessus, elle. Fouiller là-dedans alors que c’est déjà un cas réglé par une condamnation, c’est bien pour me reconstruire une instruction à charge, non ? J’ai payé mon dû pour ça aussi lors qu’est-ce que vous cherchez ? Vous avez ça dans le sang, on dirait…
- Généralement on ne frappe pas sur son géniteur sans une raison affective forte.
- « Géniteur », vous le dites ! Alb et moi on l’a seulement payé de retour pour l’enfance de merde qu’il nous a fait passer. Mais comme c’est un étranger pour nous, il a juste eu le même lot que tous ceux qui nous emmerdent. Vous en reprendrez bien de votre machin en sauce, là ?
- Il en faut un peu plus pour me couper l’appétit, Jeffrey.
- Mais ça vous fait vraiment rien de laisser votre fille dans les mains d’un mec comme moi ? Bordel, regardez-moi, je suis vicié jusqu’à la moelle et j’en ressens pas la moindre honte. Ma propre mère s’est barrée de la maison alors qu’elle savait pertinemment que j’allais sortir de prison, et qu’elle aurait pu être là. On a eu deux malheureux parloirs en un an et à chaque fois elle avait la nausée. On est tellement pourris Alb et moi qu’on a paralysé jusqu’au dernier geste de tendresse qu’elle pouvait avoir pour nous. Elle peut plus, et elle peut même plus nous avoir sous les yeux. Quel avenir j’ai, moi, quand j’ai ça constamment dans la tête ? Mais c’est toujours pas de la honte, c’est de la colère. Et ça devient de la colère pour tout, contre tout. C’était pas une chance de rencontrer Fred contrairement à ce qu’elle a dit, River, c’était simplement taillader ma colère immorale pour y flanquer un morceau sanguinolent de colère juste. Et qu’est-ce que ça fait ? Ça attise la colère immorale et ça la fait enfler comme une tumeur.

Tag(s) : #Un orage de goudron
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