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Avec Vlad, c’est très vite l’ennui… Oh, il est adorable, le genre qui ne va jamais rien vous refuser, mais justement !
Moi, j’ai besoin qu’on m’arrête ; qu’on me mate, qu’on m’envoie tout ce que j’ai d’insupportable (vous verrez, la liste est longue…) dans les dents. C’est pas grave si on s’engueule, au moins on se sent moins seul.
Et puis, cette obsession qu’il a de l’hygiène, des précautions… Ca le travaille tellement ; je suis bien loin d’imaginer qu’il ait pu être très imprudent par le passé. Vlad, c’est une pharmacie ambulante. J’avais juste un petit tube d’aspro périmé dans mon armoire ; et le voilà qui remplit toutes mes étagères. Somnifères, anxiolitiques, anti-dépresseurs, vitamines, compléments alimentaires, tout y passe. Ca me cloue…
Ouais, je sens bien qu’il est fragile, qu’il a ses blessures. Mais moi qui cherchais un roc pour m’agripper après l’abandon de ma mère, moi qui avais besoin de protection et surtout d’humour, j’ai une croix dans la case tout faux…
Allez, je vais pas être égoïste ; sa présence dans l’appart me réconforte bien, tout de même.
Malgré tout, on devient vite plan-plan tous les deux, je vais pas tenir longtemps comme ça…
Ce Vendredi soir-là, on s’est calé devant la télé, devant Canal, en grignotant des olives pimentées dont je lui glisse les noyaux dans le cou pour lui faire enlever sa chemise. Il couine, mais arrive à s’ébrouer et ils tombent . Raté.
J’ai envie de sortir, je lui propose un resto et pour une fois il accepte ! Waw, on pourra même pousser le vice jusqu’à aller danser après !!!
Ni une ni deux, je file à la salle de bains pour me pomponner, quand retentit la sonnette. Et là, les emmerdes commencent…
« Va ouvrir,Vlad ! Et qui que ce soit, vire-le !
-Non, Lolli, c’est chez toi ici. Je ne me permettrais pas… »
Je vous épargne la rafale d’obscénités que je lance en rejoignant l’interphone. Et la voix de tapette qui en sort n’est pas pour me calmer.
« Excuse-moââ , c’est Laurent ! , Est-ce que Vlad est lààààà ? »
Ni bonjour, ni merde. Nan, il est pas là, pétasse, ai-je envie de lui répondre ; il est en train de se taper un étalon roux qui n’a pas vraiment le sens du partage.
Mais je suis un gars gentil. Je fais dans la politesse hypocrite. Et lorsque « Laurent » apparaît, je sais déjà que ça ne 
va pas, mais alors pas du tout s'emboîter. C’est le genre de petite minette bien lisse et bien arrogante dont j’ai horreur. Tout frais, tout repassé ; pas un poil qui dépasse, portant bien ostensiblement tout ce qu’il y a de plus cher et de plus swag. Avec un sans-gêne hallucinant, il me précède jusqu’au salon (ben voyons, c’est toi qui es proprio, maintenant ?) en regardant tout autour de lui ; meubles, lampes, et mon petit merdier à moi qui rougirait devant cet abruti…
La soirée est foutue. Ca fait teeeellement longtemps qu’il n’a pas vu Vlad ! Et avec lui, Vlad est d’une complaisance qui m’écoeure. Jusqu’à ce qu’il évoque son mec ; Vlad écoute poliment mais il est mal à l’aise.
Bien entendu, le mec de Laurent c’est la huitième merveille du monde. Il vient à peine de passer en deuxième année de médecine ; mais c’est déjà le chtouillologue le plus éminent de toute la planète et même de la galaxie si vous voulez ; il est grand, il est bôôô, son père fait exploser tous les comptes en banque de Zurich. Je n’ose pas (et j’ai bien tort…) lui demander s’il lui a aussi pris les mesures…
Pédé 1er par-ci, Pédé 1er par-là ; j’ai la tête farcie ! Mais faites-le taire, bromure, massue, hachoir, n’importe quoi !
Oh non, mon petit Lolli, tu vas pas t’en tirer pour si peu. Que serait une soirée avec un con olympique sans les photos ?
Ouiiii… Et à l’occasion, il va bien nous sortir son tout nouvel iPhone avec lisseur de mèches et vibro intégrés?
Une fois de plus, je ferme ma gueule. Pour Vlad qui a bien compris que je bouillais.
Pas la peine d’avoir un bidule aussi high-tech , si c’est pour faire des photos aussi pourries. On voit rien !
« Ca se regarde dans quel sens ? » dis-je en faisant tourner le portable entre mes doigts. J’ai fait un peu de jonglage, youpla ! Vlad devient tout blanc et fronce les sourcils. Bon, j’arrête… C’est que Monsieur Laurent est réellement pincé…
Alors on continue, Laurent+Pédé1er à Paris, version brouillard artistique…