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Pour prolonger (une fois encore!) un bel article de Stephan, j'ai pensé à un texte, traduit de l'anglais, de regard sur la famille et les parents... Souvent en retrait de nos élans, mais d'une affection solide et inconditionnelle...
" A l'heure présente, il semble naturel à l'homme mûr que je suis de me souvenir de la maison paternelle avec le souvenir que cause une perte irréparable. La tendresse que j'éprouvais pour mes parents ne provenait d'aucune affinité spirituelle, mais leur amour pour ce fils plus jeune, qui devait difficilement attirer leur affection, était la base même de ma vie, une base jamais ébranlée jusqu'ici et qu'aucune chose, je le savais, ne pourrait ébranler. Cet amour n'était pas brûlant, mais il avait la solidité du roc, et s'il manquait de compréhension, du moins sa fidélité demeurait-elle absolue. Aussi n'ai-je pu trouver depuis de véritable sécurité dans aucune relation humaine.
Cependant j'ai eu dans le cours de ma vie des espoirs et des enthousiasmes que mes parents n'auraient pas su partager.
Le foyer qu'ils avaient construit faisait partie d'eux-mêmes ; il m'apparaissait parfois comme une prison, parfois comme un désert, mais il était unique en ce qu'il restait invulnérable au monde. C'était le lieu où j'apportais ma souffrance, avec appréhension il est vrai, mais nulle part elle n'eût été accueillie avec pareille simplicité. Mes parents ne prenaient pas ma passion au sérieux; lorsqu'ils arrivèrent à l'admettre, ce fut pour la juger extravagante ; un sentiment qui s'égare, une folie de gamin [...]
D'autres se seraient détournés de moi, moqués, irrités. En face d'une émotion tumultueuse, les amis embarrassés ont envie de s'éloigner, ils changent d'attitude vis-à-vis de celui qui souffre. Mes parents demeuraient exactement les mêmes.
Voilà comment ils m'aimaient."
Charles MORGAN, Portrait dans un miroir