Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

OedipePurple_Mixtape.jpg

 

Mon enfance a oscillé entre l’indifférence et le psychodrame. J’ai fait un Œdipe pour rire, et puis j’ai été couronné Prince de la Cour d’Ecole par mon propre frère et ses potes.
Ca m’a tourné la tête et là j’ai fait un Œdipe pour de vrai. A la maison, j’ai balancé un plat de spaghettis brûlants sur mon père en lui hurlant « Je te tue ! » ; ça coulait tout rouge sur sa chemise blanche et ça faisait comme un monceau de tripes à l’air parce que maman les avait fait trop cuire. Du Tarantino pour gonzesses. C’est lui qui a vu rouge ; il a dû se dire c’est pas vrai ; ça recommence… Alb se marrait dans son coin, il était fier de moi et ça me rendait fou de joie. A partir de là mon père m’a détesté. A partir de là, c’est obligé.

 

Et moi j’ai découvert à quel point j’aimais me donner en spectacle. La plupart du temps j’étais taciturne et majestueux, juste indomptable pour ceux qui avaient commencé à m’emmerder une seule fois. Alb était toujours en avant, et moi j’observais ; j’absorbais tout, et quand je rendais tout à ceux qui me regardaient à leur tour, j’avais l’impression que c’était un autre qui s’exprimait. Sol me disait que c’était très bon pour le jeu, ce recul instinctif. Elle m’a mis une grenade dégoupillée entre les mains ; trop tard, ma sœur, pour me dire que je maîtrisais pas cet art en fin de compte et que je m’en servais juste pour faire payer les ennemis. Le verbe est une arme de plus, pourquoi on dirait débattre, sinon ?

Moi je ne suis rien si je ne capte pas les regards, ton regard, Riv’, qui est une source et qui a remplacé tous les autres.
Texto de Léna : On va reprendre, Jeff ? On reprend.

Ils me jettent dans la cellule de Lennon. J’ai toujours mon sweat noir boueux, avec la capuche sur la tête.
«  Pourquoi t’es là ? qu’il me fait.
- Je m’appelle Murray. Matt est fini, alors notre cellule s’est dissoute. C’est comme ça. L’espace se resserre dangereusement autour de nous ; et on sera dissous nous aussi si on n’a pas une bonne raison de survivre.
- Je comprends rien, Murray.
- Il n’est pas juste que tu sois là, c’est vrai ?
- Et toi ?
- Moi j’aime être suspendu entre la vie et la mort. Ça fait trois ans qu’ils essaient d’avoir ma peau, et pour tout salaire c’est moi qui ai de temps en temps l’une des leurs. Je flaire tous ceux qui ont peur et je les fais passer de l’autre côté. De toute façon tous ceux qui acceptent de travailler ici ont plus ou moins envie de mourir. Ils viendraient pas se frotter aux strates séculaires du crime sinon.
- Et j’ai peur, moi, selon toi ?
- Tu es transi de trouille.
- Alors mon tour est pour bientôt ?
- Il y a quelque chose à démêler. Ta présence ici n’est pas juste.
- Et la manière dont t’as fait crever Matt cette nuit, elle est juste ?
- C’est lui qui a décidé de sortir. Il ne le voulait pas les autres nuits. Là, il était prêt. J’ai pas à changer le cours des choses.
- Moi aussi j’avais envie de sortir, pourquoi tu m’as empêché ?
- Ton innocence t’a suivi ici. Je la détermine pas. C’est une meuf ? Décris-la moi.
- Je n’y arrive pas. L’image de celle qui m’attend dehors est trop présente.
- Balance-la. Je me fous des vivantes. J’ai oublié comment c’était. Trois ans ici, c’est des éternités d’abstinence. Je veux la morte. Et le sang de celui qui l’a tuée. »
 

 

Tag(s) : #Midnight Parlor
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :