Quand on a choisi de vivre selon son coeur, la vie est un combat.
Je n'ai jamais été quelqu'un de diablement populaire. Et pourquoi cela, en regard de condisciples qui n'étaient pas même vraiment sympas, j'ai décidé assez vite de me fondre dans la masse; pour ne pas avoir d'emmerdes. D'approuver quand je n'étais pas forcément d'accord, de rire même quand ça me faisait pas rire. De me couler dans le mur.
Combien de fois ai-je désiré cette coulure, au grand soleil; et l'arrêt soudain, total, de toute forme de respiration?
Mes amis ont été souvent lointains,étrangers; je ne les ai connus pour trois d'entre eux (elles) qu'après une longue correspondance en allemand, ou en anglais une fois, et je n'ai pas été déçue.
Mais lorsque vous espérez comme cela quelqu'un , très fort, votre monde s'emplit de chimères. J'ai attendu, plusieurs fois,seule dans l'herbe une présence; elle a jailli, mais de mon esprit. Ces créations de brume m'ont plusieurs fois sauvée. Ou aidée, plus souvent à réfléchir, à les reprendre, mes esprits, lorsque j'étais trop en détresse.
Celui , celle qui me sauve est un vagabond , comme le mat des tarots; sans fortune, avec la brûlure du soleil dans les yeux, et le désir fou d'aller toujours plus loin. Peut-être même jusqu'au sacrifice, qui sait? Pour un truc tout aussi fumeux que notre monde méprise et foule au pied: des idées.
Il, elle aime la poussière lumineuse des soupentes, la moire aquatique entre les lentilles d'eau, la saveur éclatante des menthes sauvages que l'on mâche au bord du sentier, les formes infinies des nuages, l'armée étincelante des astres, en marche.
Et quand je la vois dormir ainsi, Carolyn, qui sourit benoîtement,( à quels anges?) j'ai l'impression que des années lumière nous séparent. Pourquoi ai-je autant besoin d'elle, malgré tout, elle qui est si réelle?